Le nuage de mots-clés (tags)
Déjà abordé sur blogOstan ?

Peut-on constater à travers les carences des TC le signe d’une intercommunalité qui ne correspond pas (ou plus) à la réalité ?

Vu ce soir dans l’édition locale de Nancy sur France 3 Lorraine : l’association Imagine 54, soutenue par l’Etat et le Conseil Général de Meurthe-et-Moselle, assure le transport des personnes qui viennent de se réinsérer dans le monde du travail et qui rencontrent des difficultés pour se déplacer entre leur domicile et le lieu de leur nouvel emploi. Une sorte de taxi à la demande, en attendant le déménagement ou l’achat d’un véhicule personnel.

Si l’initiative est évidemment à saluer, n’est-elle pas néanmoins révélatrice d’une certaine carence en matière de transports en commun sur l’agglomération ?
Les réseaux de l’agglomération correspondent-ils réellement aux besoins des habitants, notamment en ce qui concerne les trajets domicile-travail (tiens d’ailleurs où en est-on dans la mise en place des PDE Plan Déplacement Entreprise, mesure inscrite au PDU ?) et les trajets de périphérie à périphérie, désormais considérables aujourd’hui ?

Pour le reportage, les journalistes de France 3 ont d’ailleurs choisi une habitante de Laxou qui devait se rendre à son travail situé à Lay-Saint-Christophe, deux communes complètement opposées (l’une à l’ouest de Nancy, l’autre au nord), mais bel et bien dans l’agglomération nancéienne.
Les difficultés rencontrées par la personne concernée n’avaient pas l’air d’être causées par une incompatibilité d’horaire (par exemple un travail de nuit ou qui exige d’être sur place très tôt le matin lorsque les services bus et tram n’ont pas encore débuté -un problème récurrent pour les clients des TC et difficile à solutionner-), mais simplement…par l’inexistence de services adéquats, corrects et efficaces entre Laxou et Lay-Saint-Christophe !

Et effectivement, rallier ces deux communes en transport en commun relève presque du parcours du combattant !

Parce que si géographiquement et démographiquement Lay-Saint-Christophe et Laxou font partie de l’unité urbaine de Nancy (c’est-à-dire l’agglomération, et c’est l’Insee qui le dit ici), politiquement elles n’appartiennent pas à la même intercommunalité.
Laxou est membre de la Communauté urbaine du Grand Nancy, Lay-Saint-Christophe (pourtant à seulement 7km de la place Stanislas) appartient à la Communauté de communes du Bassin de Pompey.

En pratique, ça signifie que Laxou est desservie par le réseau Stan et que Lay est sillonnée par le réseau Le Sit. Ca signifie aussi que pour la personne dont il était sujet dans le reportage, il aurait été nécessaire de prendre un ou deux bus du réseau Stan entre Laxou et Nancy, puis un bus du réseau Sub’nord entre Nancy et le bassin de Pompey et enfin un bus du réseau Le Sit entre Pompey et Lay-Saint-Christophe. Et forcément, de jongler avec les horaires, les correspondances et les tarifications (certes bien simplifiées depuis l’arrivée de la gamme MixCités cet automne).

Ce cas illustre malheureusement les carences en matière de déplacements (et ce domaine n’est pas le seul concerné) que causent ces clivages politiques et ces limites administratives qui ne correspondent pas (ou plus) à la réalité démographique du territoire.
Celles-là même qui font du bassin de Nancy l’unique métropole régionale qui doit jongler (et financer) plusieurs réseaux de transports en commun (Stan, Sub, Le Sit, T’mm) alors que l’on pourrait se contenter d’un seul et même réseau couvrant toute l’agglomération comme partout ailleurs, déployé de sorte à ce que les liaisons assurées correspondent réellement aux besoins de tous les nancéiens, ceux de la ville-centre comme ceux du reste du bassin de vie. C’est pourtant une des conditions inévitables pour que les transports en commun deviennent attractifs et compétitifs pour tous.

En élargissement la Communauté urbaine du Grand Nancy à toute l’agglomération, du bassin de Pompey à ceux de Neuves-Maisons et de Dombasle/Saint-Nicolas-de-Port, ce sont les politiques de déplacements qui seraient communes et donc cohérentes sur toute l’agglomération, mais aussi toutes les politiques qui concernent le quotidien des habitants de ce même territoire.
Le Grand Nancy, qui compterait alors environ 350 000 habitants, porterait réellement son nom et assurerait une cohérence et une équité territoriale sur tout le bassin de vie.
Ce serait aussi, à cette époque où la compétition entre les métropoles est de plus en plus acharnée, concrétiser à l’agglomération nancéienne une autre envergure, un poids plus important et donc une visibilité accrue (bien utile en ces temps où les querelles entre Nancy et Metz semblent refaire surface dans le cadre de la réforme des directions régionales..cf. ici sur le site de l’Est Républicain-).

Beaucoup de grandes villes n’hésitent pas à ratisser large autour d’elles pour constituer des intercommunalités puissantes et étendues quand Nancy se contente de sa première couronne (soit seulement 20 communes et à peine 270 000 habitants) en laissant de côté des communes qui se situent pourtant à moins de 10 km de son centre-ville.
La Communauté d’Agglomération Metz Métropole (CA2M) compte deux fois plus de communes que la CUGN (mais pour seulement 230 000 habitants).
Rouen, Saint-Etienne, Montpellier ou encore Grenoble ont pour projet d’élargir au maximum les périmètres de leurs agglomérations politiques respectives pour pouvoir accéder au statut de Communauté urbaine (que Nancy a la chance de posséder, mais depuis 2002 et la loi Chevènement un minimum de 500 000 habitants est requis pour prétendre à ce statut).

Pourquoi Nancy se priverait ?
Surtout quand l’élargissement se révèle réaliste, réalisable et surtout nécessaire..

Voir aussi :
. Carte SimpliCités et intégration tarifaire, le premier pas vers un vrai Grand Nancy ? (billet du 22 août 2008)
. La carte de l’unité urbaine de Nancy sur le site de l’Aduan, ici
. L’unité urbaine de Nancy décrite par l’Insee, ici
. Le reportage de l’édition locale du 14 novembre sur le site de France 3 Lorraine, ici


  • Dramelay dit :

    J’en connais qui n’attendent que ça, mais attention aux conséquences politiques…

  • arno dit :

    Et pourquoi ne pas créer un syndicat mixte des transports pour commencer, comme il en existe à Lyon (Sytral), Paris (STIF), Grenoble (SMTC), chez notre « cousine TVR » Caen (Viacités), etc… ??
    Cela permettrait de regrouper les compétences transports à l’échelle du bassin de vie de Nancy de:
    - la Communauté Urbaine de Nancy (CUGN) bien sûr
    - les communautés de communes « Sub »: Pompey (réseau SIT), Neuves Maisons (réseau TMM), St Nicolas (pas encore de réseau spécifique)
    - le département pour adjoindre les lignes SUB et d’autres lignes du réseau départementales TED
    - la région Lorraine car certaines dessertes TER seraient intégralement comprises dans ce nouveau périmétre (Nancy Ludres Neuves-Maisons par ex.)

    A terme, un réseau qui correspond au Bassin de Vie nancéien avec des développements cohérents, une tarification identique (quoique avec SimpliCités, c’est déjà pas mal), des véhicules facilement identifiables avec une livrée unique (et pas un coup un gris Stan, un vert Sub, un violet Sit, un jaune Métrolor… on s’y perd !!!)

    Avantage: cela ne contrarie pas trop les structures locales (difficile politiquement) mais donne une sacré bonne image de la région nancéienne !!!

Laisser un commentaire