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Ligne 1 acte 2 : trolleybus ou tram sur fer ?

Aujourd’hui dans l’Est Républicain –en gros titre d’ailleurs sur la page web du journal-, Michel Stricher, l’ancien maire (PS) d’Essey, se demande s’il ne serait pas préférable pour l’agglomération, tant en terme de finances que de dessertes, de se séparer du tram..!

Selon l’ancien élu, remplacer le tram sur pneu (qui pourrait coûter 12 à 14 millions d’euro par an selon lui), par un trolleybus guidé (qui coûterait environ 6 millions d’euro par an), permettrait d’économiser 4 millions d’euro chaque année (en tenant compte des frais d’amortissement restant à couvrir pour le tram -2 millions d’euro par an-), avec l’avantage d’offrir « une homogénéité » des matériels avec la Ligne 2 qui doit se concrétiser (normalement) ces prochains mois. Et d’éviter de subir encore pendant plusieurs années des contraintes liées au tram sur pneu, notamment les « restrictions du code de la route (tonnage et longueur limités), l’usure du guidage et du rail, l’orniérage ».

Bof. Monsieur Stricher semble oublier qu’un trolleybus reste, comme le tram sur pneu, un véhicule routier et donc préposé à la même limitation de longueur (trois caisses, 25 mètres de longueur maxi), de tonnage et toujours exposé aux problèmes d’orniérages de la chaussée causés par le passage régulier et toujours au même niveau des pneus (d’autant plus si le trolleybus est guidé optiquement). Sans parler des soucis de capacité que l’on rencontre déjà aujourd’hui avec les trams tri-caisses qui saturent aux heures de pointe, la Ligne 1 étant fréquentée par environ 50 000 voyageurs chaque jour. Et avec « l’effet réseau » qui sera impulsé par l’ouverture des prochaines lignes de TCSP (les seconde et troisième lignes prévues), la fréquentation de cette première ligne va continuer à croître. C’est la règle.

Pour résoudre ces problèmes de capacité, l’ex premier magistrat ascéen propose de mailler le réseau (c’est-à-dire multiplier les lignes et ne pas se fonder sur un seul axe) et d’injecter davantage de véhicules qu’aujourd’hui avec le tram. De plus, il assure que cette solution de remplacement de l’actuel tramway permettrait aisément de prolonger la Ligne 1 et ainsi de limiter les correspondances (arf, c’est bien un élu de l’Est de l’agglo qui propose ;) ).

En résumé, un gros retour en arrière, au temps de l’ancien trolley 3/33/43 que l’on a jugé obsolète et inadapté qui reliait Laxou-Provinces à Seichamps et Pulnoy en passant par le même axe que celui du tram aujourd’hui entre Nancy, Saint-Max et Essey (avec en prime davantage de site protégé puisque des couloirs lui étaient réservés dans la traversée de Saint-Max, commune qui refuse aujourd’hui pour le tram toute idée de site propre et de guidage.. !).

Et comme le souligne Mordorian sur le forum blogOstan, « il y a une contradiction flagrante dans les arguments de Michel Stricher : il dit lui-même que la capacité sera assurée par… le maillage du réseau… Ce qui va donc amener à des coûts supplémentaires puisqu’au lieu d’exploiter une ligne à 12 M€/an il va falloir exploiter deux (ou trois) lignes à 6 M€/an… Rentable ?? A voir… D’autant que la capacité unitaire d’un trolley bi-caisses est moindre que la capacité d’un tram sur pneu tri-caisses et il faudra davantage de véhicules pour arriver au même niveau de capacité, ce qui veut notamment dire plus de conducteurs, et c’est le poste le plus coûteux ».

Le trolleybus articulé (ici à Lyon), adapté à la Ligne 2, mais à la première© Lyon-en-Lignes.org

Il est évident que l’avenir et le renouvellement plus ou moins proche de la Ligne 1 doivent être étudiés, et c’est une très bonne chose que le débat ne soit plus aussi tabou que ces dernières années.

A priori le mode de transport qui s’impose(ra) sur cet axe est le tramway ferroviaire, choisi par déjà plus d’une vingtaine de grandes villes françaises : plus capacitaire, plus économique, plus fiable, compatible avec un éventuel tram-train en provenance de la banlieue nord et connecté à Saint-Georges, etc. Quitte à devoir exploiter la section pentue entre le Vélodrome et le CHU Brabois avec un autre matériel, de type trolleybus, plus adapté.

Cette question de l’avenir de la Ligne 1 va nécessiter un important effort financier (il faudra tout défoncer un jour ou l’autre, c’est indéniable) et du courage politique.
Mais elle ne doit pas empêcher le déploiement du PDU et surtout la réalisation de la deuxième ligne en mode trolleybus (mode le mieux adapté au profil pentu de la ligne, qui n’est pas concernée par une éventuelle interconnexion tram-train et à la fréquentation estimée à +/- 30 000 passagers/jour), déjà bien engagée et qui n’attend plus que la décision politique pour être enfin lancée.

En tout cas, le grand débat de vendredi sur les transports risque d’être intéressant.
Mais il faut espérer qu’il ne débouche pas sur une vaine conclusion comme la simple idée qu’il va falloir songer à tout repenser..
Parce que c’est ce qu’indique le résumé (oui oui, le résumé) de cette réunion déjà écrit pour le prochain Avenir Magazine (le bulletin trimestriel du Grand Nancy) qui a malencontreusement été mis en ligne sur le site de la Cugn il y a quelques jours..! Mais l’erreur fut vite retirée de la toile ;)

PS, en vrac :
. Besançon s’apprête dans quelques jours à valider la construction d’une ligne de « tram éco », qui serait commercialisé par Alstom (qui fourni la plupart des tramways ferroviaires français). Une idée à suivre à Nancy pour la Ligne 1 ?

. Grenoble, qui avait lancé la concertation préalable à la construction de sa 5ème (!) ligne de tram en octobre-novembre vient aujourd’hui de valider les conclusions et s’apprête à lancer l’enquête publique (= l’étape suivante, la dernière avant le lancement des travaux). Rappel : à Nancy, la concertation préalable pour la Ligne 2 a été lancée en juillet 2006 (!), « approfondie » en juillet 2008 et les conclusions n’ont toujours pas été débattues à la Communauté urbaine..

. Vendredi va-t-on enfin discuter à la Cugn de la réintroduction des trolleybus classiques sur la ligne 121 (République <> Beauregard) ?

. rappel : le grand débat sur le forum blogOstan qu’on a eu il y a un peu plus d’un an maintenant sur ce même thème : Quand la reconversion de la Ligne 1 arrivera : nos idées (5 pages, 119 réponses et 10203 lectures).


  • Sajuuk dit :

    Ou alors on zappe le tram pour mettre un trolley tri caisse, comme ça la capacité sera au moins équivalente, tout en conservant un coût d’exploitation plus bas et la possibilité d’en acheter plus que de trams …
    Après, les 3 lignes supplémentaires étaient prévues lignes fortes, donc des dépenses faisaient partie du planning depuis longtemps …
    Pour résumer ça ferait du trolley 3 caisses en ligne 1, deux caisses 2 et 3, et une caisse pour la 121.
    À Nancy ça paraîtrait farfelu un retour si conséquent du trolley ?

  • Christobal dit :

    Certes, un trolleybus de 25 m ne serait guère plus capacitaire que les TVR actuels… Et encore, vu la place perdue dans ces derniers, il y a sans doute quelques m² à récupérer dans un véhicule mieux aménagé.

    Par ailleurs, on est loin d’avoir atteint l’offre maximale sur la ligne Tram1 en terme de fréquences… Il y a encore moyen de faire mieux, à condition de disposer de matériels supplémentaires, ce qui ne pourra pas être le cas avec le TVR. Bombardier ne semble pas disposé à relancer la chaîne si seule Nancy commande…

    Donc basculer la ligne en trolleybus pourrait être une solution, il serait alors possible de passer commande du nombre de véhicules qui va bien. Quant aux TVR, Caen serait alors peut-être intéressée pour les récupérer… si ça leur fait plaisir… tant pis pour eux oserais-je dire !

    Au-delà du trolleybus, il est sans doute évident aujourd’hui que la demande sur l’axe desservi par le TVR a été sous-estimée et qu’en conséquence, on n’a pas mis un mode de transport adapté… et adaptable ! Autant avec un tramway (un vrai !), il est possible d’allonger les rames, d’en commander d’autres du même modèle voire d’un modèle différent à un autre constructeur, autant le TVR conduisait dès le début dans l’impasse, pour ne pas dire dans le mur.

    Que les élus nancéiens s’interrogent aussi sur leur (ir)responsabilité dans ce dossier, ayant voulu jouer les « apprentis sorciers » avec une technologie hasardeuse et ayant engagé les contribuables de la CUGN dans des dépenses faramineuses… pour un beau fiasco au final !

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